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ReLRace

Couleurs humaines

Poussières d'humanité

<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=50&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Pirq%C3%A9+de+Rabbi+Eliezer%2C+chap.+11">Pirqé de Rabbi Eliezer, chap. 11</a>

Les religions juives, chrétiennes et musulmanes fournissent les supports utiles aux défenseurs, non seulement d’une distinction des couleurs humaines, mais également d’une gradation de valeur, pensée soit au travers de l’idée d’une couleur des origines, soit à partir d’une malédiction comme origine de la couleur. Toutefois, elles proposent également d’autres récits propices à la construction d’un discours égalitaire et universaliste.

Ainsi, au sein de la tradition rabbinique, le Targum Yonathan – traduction et commentaire en araméen du texte hébraïque également connu sous le nom de Targum Yerushalmi et dont la datation est difficile –  évoque la question de la poussière dont est fait Adam. Cette poussière est non seulement celle du sanctuaire mais aussi celle des quatre vents et de toutes les eaux du monde, le tout produisant une glaise blanche, noire et rouge, c’est-à-dire contenant en puissance la gamme des couleurs, souvent associées à l’époque aux différents êtres humains. Ce type de récit se retrouve également dans l’islam. Al-Tabari (839-923) s’en fait l’écho à deux reprises dans son Commentaire du verset 31 de la seconde sourate du Coran. La terre dont est fait Adam est présentée comme un composite des glaises blanches, noires et rouges prises dans différents lieux ce qui explique la diversité des couleurs des fils d’Adam. Cette tradition qu’il fait remonter à Ibn Abbas et à un dit du prophète Muhammad lui-même, Tabari la reprend dans son Histoire des prophètes et des rois contribuant, par la portée de son œuvre, à la diffusion de cet Adam universel contenant, en puissance, toutes les facettes de l’humanité.

Une autre tradition rabbinique, un midrash aggadique compris dans les chapitres (Pirkei) attribués à Rabbi Eliezer (VIIIe-IXe s.), propose une version assez semblable aux récits précédents. Aux trois couleurs jusqu’ici proposées, le récit en ajoute une quatrième : vert pâle/jaune, l’ensemble correspondant aux poussières collectées aux quatre coins du monde. Cependant, la suite du récit fournit une explication à ce projet divin l’inscrivant dans une portée universaliste : « Si un Homme voyageant d’est en ouest ou d’ouest en est voyait sa fin arriver et, poussière, devait retourner à la poussière, qu’il ne puisse entendre la terre dire, la poussière de ce corps n’est pas à moi, qu’elle retourne d’où elle vient ».