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ReLRace

Couleurs humaines

Le noir, couleur maudite

<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=50&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Gravure+extraite+de+%3Cem%3EBiblia+sacra+ad+optima+quaeque+veteris%3C%2Fem%3E%3Cem%3E%3Cbr+%2F%3E%3C%2Fem%3E">Gravure extraite de <em>Biblia sacra ad optima quaeque veteris</em><em><br /></em></a>

Alors que la fin du Moyen Âge en Europe occidentale proposait une appréhension plus positive de la population africaine, les Temps modernes dans le contexte de la traite négrière rompent avec cette vision. Cependant, moins qu’un retour aux théologies associant l’Éthiopie et par extension l’Afrique entière au péché et au mal, l’époque moderne voit l’affirmation d’une autre forme de discours dégradant assimilant les populations noires africaines à un lignage maudit, généralement celui de Cham. La « malédiction de Cham » apparaît au cours de l’époque médiévale dans le monde musulman, pour justifier à la fois de l’esclavage des populations noires et de l’origine de la couleur de peau noire. Elle s’appuie sur deux traditions peu à peu amalgamées celle issue de la Bible où Canaan est condamné lui et sa descendance à l’esclavage pour la faute de son père Cham (Gn 9:20-27) et celle issue de diverses sources (syriaques, samaritaines, rabbiniques) relatant les relations sexuelles que Cham aurait eu dans l’Arche alors que celles-ci étaient prohibées, faute pour laquelle Cham et/ou sa descendance auraient été noircis. Plus qu’une transition du monde musulman vers l’Europe la « malédiction de Cham » défendue au cours de la traite transatlantique repose sur une composition similaire mais propre. La « malédiction de Cham » reconstruit tout d’abord l’infériorité spirituelle des Noirs en la fondant sur un récit précis et un ancêtre identifiable. Elle y ajoute la permanence du statut d’esclave désormais directement attaché à la couleur noire de la peau. De plus en plus invoqué pour ces raisons au XVIIIe siècle et surtout aux États-Unis au XIXe siècle le récit de la « malédiction de Cham » n’en est pas moins sévèrement contesté. En cause à la fois l’absence du récit sur le noircissement de la peau dans la Bible et une malédiction de l’esclavage ne reposant que sur Canaan et non sur Cham ou sur l’ensemble de sa descendance.

Dans le même registre mais plus tardivement, les défenseurs de l’esclavage des populations noires exploitent également le récit de la marque de Caïn pour servir leurs desseins. Dans le chapitre 4 de la Genèse le fils fratricide d’Adam et Eve est en effet marqué par Dieu pour sa faute afin que celui-ci soit reconnaissable. Même s’il n’est en aucun cas question de la couleur de peau de Caïn, certaines apologies de l’esclavage font des Africains des Caïnites. Difficilement tenable jusqu’au XVIIIe siècle, dans la mesure où le déluge était censé avoir éteint le lignage des Caïnites, l’émergence des théories sur un déluge partiel rendent cette hypothèse plausible à leurs yeux. Dans certains cas, ce sont mêmes les deux lignages qui sont mêlés. Ainsi Cham est-il marié à Naamah descendant de Caïn et ses enfants porteurs de la marque.