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ReLRace

Couleurs humaines

Noir comme le péché

<a href="/items/browse?advanced%5B0%5D%5Belement_id%5D=50&advanced%5B0%5D%5Btype%5D=is+exactly&advanced%5B0%5D%5Bterms%5D=Rouleau+d%27exultet">Rouleau d'exultet</a>

Bien que la Bible ne précise jamais la couleur de peau des personnages, l’association précoce – chez les peuples de l’Orient ancien dont les Hébreux – de la terre de Kush, l’Éthiopie des Grecs, aux hommes noirs est rapidement un facteur puissant d’identification des individus. Alors que le péché est davantage rouge que noir dans la Bible hébraïque, la couleur noire, sous un jeu d’influences variées mésopotamiennes, grecques ou égyptiennes, devient progressivement synonyme de ténèbres, de faute, de mort ou plus globalement associée au mal. La dialectique ténèbres/lumières est omniprésente dans le christianisme primitif, puis chez les pères de l’Église. La transition du couple symbolique lumières/ténèbres vers l’ethnique blanc/noir bien que récusée par de nombreux pères qui voient dans les couleurs humaines un simple accident formel, est des plus faciles. Ainsi Origène, construit une association entre péché et Éthiopiens dont la conversion ou la réintégration dans le salut illustre l’universalisme de l’Église.

A la suite d’Origène, de nombreux pères, Ephrem de Nisibe (c. 306-373), Didyme d’Alexandrie (313-398), Ambroise de Milan (339-397), Jérôme de Stridon (c. 347-420), Grégoire Ier (540-604), reprennent cette association des ténèbres et du mal à l’Éthiopie. Cette association des ténèbres et du péché à l’Éthiopie même en prenant en compte la possibilité du salut n’en rend pas moins, en définitive, la position des Éthiopiens, particulièrement précaire et ambivalente au sein de l’Église. Leur entrée dans la lumière de la foi ne leur fait évidemment pas perdre leur couleur de peau qui agit par conséquent comme une forme de macule spirituelle d’autant plus prégnante que l’association de l’Éthiopie aux ténèbres s’accompagnait d’une forme de démonologie du noir fusionnant là aussi sans que ce ne soit systématique, le symbolique et l’ethnique.