Maudits !
Edom, antagoniste d'Israël
Si Esaü et Jacob se réconcilient dans le Genèse, tel n’est pas le cas des peuples qui en sont issus. Le peuple des Edomites, descendant d’Esaü manifeste une conduite fort peu fraternelle envers Israël qui descend de Jacob et apparaît comme leur ennemi juré. Les prophètes post-exiliques : Abdias, Malachie, Isaïe et Ezechiel en font un peuple digne de haine dont Amalek est le pire représentant. Edom est cependant alors clairement associé à un peuple du Levant. Au cours des premiers et seconds siècles de l’ère chrétienne un glissement original se produit. Rome, autrefois associée à la lignée de Japhet via Javan et Kittin est progressivement reliée à Edom. Le choc de la destruction du second Temple par Rome en 70, puis l’écrasement de la révolte de Bar Kochba (132-135) conduisent les rabbins à imaginer une opposition fondamentale entre Israël et Rome qui recouvre le clivage entre Jacob et Esaü. Comme Esaü, Rome se caractérise par sa force physique et son infériorité morale. La haine d’Esaü pour Jacob, et inversement, est celle de l’idolâtrie pour le monothéisme. Les rabbins font d’Esaü un portrait des plus dépréciatifs ; il est voleur, lubrique, meurtrier, etc., autant de péchés également associés à Rome. Par ailleurs Rome associée à Edom est certes un glaive de Dieu ayant châtié Israël pour son impiété, mais elle sera un jour renversée et, suivant la prophétie d’Abdias, nul n’en réchappera. Cette haine pour Rome/Edom se transmet ensuite au christianisme et à l’Eglise après que le pouvoir romain a disparu. Si ce trope de la haine pour Edom tend à s’atténuer à l’époque moderne et contemporaine, il reste toujours présent dans la tradition juive et ressort ponctuellement, adapté à de nouveaux contextes.