Elus de Dieu
Les Boers comme peuple élu de Dieu
Evincé du Cap par l’arrivée des Britanniques à la fin du XVIIIe siècle, les Boers, colons originaires majoritairement des Pays-Bas entament à partir des années 1830 une grande migration (Trek) au nord-est de la Province. Pratiquant une lecture littéraliste de la Bible, ils assimilent leur destin à celui des Hébreux de l’Ancien Testament et leurs victoires militaires sur les peuples autochtones africains, notamment celle de Blood River en 1838, finissent de les convaincre d’être un peuple élu de Dieu et d’avoir sur la terre conquise les mêmes droits que ceux des Hébreux sur la terre de Canaan. Au sein des républiques boers du Transvaal et de l’Etat libre d’Orange cette conviction se renforce et se transmet de générations en générations jusqu’à la création de l’Union sud-africaine en 1910. Calquant leur comportement sur la Bible qui interdit toute union avec les Cananéens, l’élite boer crée un idéal afrikaner qui culmine avec la mise en place du régime d’Apartheid en 1948, interdisant tout mariage, toute relation sexuelle et même tout contact avec la population africaine afin d’assurer la pureté du peuple élu. La croyance en une alliance avec Dieu s’estompe progressivement à mesure que la société se sécularise mais aussi que les clivages sociaux-économiques fissurent l’apparente unité du « peuple élu ». La fin de l’apartheid met un terme à cette culture d’alliance même si ce suprémacisme religieux persiste encore dans les marges de la société blanche afrikaner.