Elus de Dieu
La notion de peuple élu dans la Bible
L’idée d’élection dans la Bible hébraïque est loin d’aller de soi. Elle ne se construit que progressivement au gré des aléas de l’histoire des royaumes d’Israël et de Juda ainsi que des orientations de différents rédacteurs du texte. Les premières marques d’alliance ou d’élection concernent les rois d’Israël ou les prêtres plutôt que le peuple et dans les textes persistent des indices montrant qu’ils sont plutôt les élus d’un dieu que de Dieu. Le discours défendant l’élection exclusive d’Israël est rendu possible, d’une part, par la disparition de la concurrence du royaume d’Israël détruit par les Assyriens en 722 et, d’autre part, par l’émergence d’un monothéisme strict parmi les Judéens lors de leur exil à Babylone. L’élection d’Israël se présente comme une alliance entre Dieu et son peuple répondant à une forme de contrat conférant à Israël autant de droits que de devoirs. Les contours et les modalités de cette alliance restent flous. Dans certains cas cette alliance est présentée comme éternelle et limité à la descendance des premiers contracteurs. Dans d’autres cas, elle est annoncée comme révocable – lorsqu’Israël ne respecte pas les commandements, ce qui explique les catastrophes comme la chute du premier ou second temple – et accessible, dans la mesure où être élu de Dieu c’est respecter les termes de son alliance, ce qui ouvre la porte au prosélytisme. Les peuples hors de l’élection ne sont pas particulièrement déconsidérés, mais il faut faire la distinction entre les non-élus et les anti-élus : Cananéens, Edomites, Amalécites dont l’existence tout entière est présentée comme vouée à la destruction d’Israël et que la Bible appelle à mettre à l’écart, voire à exterminer. Suivant cette tradition, les branches les plus extrêmes du sionisme religieux non seulement revendiquent l’héritage de l’élection mais appellent également à l’expulsion ou à l’éradication des Palestiniens considérés comme les descendants des Amalécites.