Des Nègres

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Anonyme, “Des Nègres”, RelRace, item créé par Mathilde Plais, dernier accès le 3 Dec. 2024.
Contributeur Mathilde Plais
Sujet L'infériorité des Noirs justifiée par la malédiction de Cham
Description Les Annales de Philiosophie chrétienne (2e année, tome 3) présentent un article intitulé "Des Nègres". Pour l'auteur, la malédiction de Cham et le récit de la Genèse explique, plus que les sciences, l'"infériorité" des noirs. L'esclavage est le témoin de "l'anathème prononcé sur la tête des descendants de Cham".
Auteur Anonyme
Date 1831
Éditeur Paris : Bloud & CieBloud & Cie
Langue fr

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DES NEGRES

Leur dégradation reconnue par les voyageurs et les naturalistes – L’antique anathème prononcé contre cette race dans l’Ecriture a-t-il eu son effet ?

La géographie va bientôt s’enrichir d’un ouvrage nouveau, l’Itinéraire de M.Douville dans le centre de l’Afrique, fait dans les années 1828, 1829 et 1830. Nous avons sous les yeux l’aperçu de cet itinéraire, lu à la Société de géographie, le 15 juillet 1831. On y voir avec combien de soins et au prix de combien de fatigues et de dangers le savant voyageur a multiplié ses observations. Elles n’embrassent pas seulement la géographie de cette partie jusqu’à présent si peu connue du monde mais encore la géologie, l’histoire naturelle et la physiologie de la race noire, si profondément séparée des autres races humaines. Voici le portrait qu’il fait du Nègre du centre de l’Afrique :

«  Il est irasciblen et porté par cette irascibilité à des désordres qui ressemblent à la frénésie que causent des fièvres violentes. Il se détruit pour de simples contrariétés, il a une adresse particulière pour ôter la vie, il retourne sa langue dans sa bouche, il l’avale et s’étouffe. De tous les Nègres que j’ai vus, les habitants du Bihé et de Molux ont le plus d’intelligence, cependant leur capacité est bien inférieure à celle du Blanc. En général, l’entendement chez le Nègre est aussi peu développé que son sang est peu fluide. Sa capacité même se borne à satisfaire ses appétits charnels. Il se donne peu ou même aucune peine pour venir à bout d’une entreprise. Il est si indolent, nonchalant et insouciant, qu’il passe des journées entières assis sous un arbre ou devant la porte de sa cabane, les yeux fixés sur un objet, sans remuer aucune partie de son corps.

Sa constitution physique semble offrir des caractère non moins marqués d’infériorités, que M.Douville énumère. A quelle cause attribuer cette dégradation permanente, cette sorte de peine héréditaire qui pèse sur une portion de la race africaine ? aucune des explications que la science a essayé d’en donner jusqu’ici ne résout entièrement cet intéressant problème. « Le fils aîné de Jaga, qui dit-il, en sa qualité de fils aîné, est accablé de la malédiction paternelle, était venu souvent me visiter ». Cette étonnante malédiction se transmet de père en fils, où en trouver l’origine ? et ne se lierait-elle point à quelque grand crime antique, qui aurait, en quelque sorte, pénétré et latéré la nature physique elle-même ? Ce ne serait pas la première fois que la science aurait été ramenée, pour la solution de certains faits aussi extraordinaires qu’importants, à la tradition religieuse. 

Cette dégradation de l’espèce Nègre est reconnue par les anatomistes et les naturalistes les plus célèbres, et entr’autres par M.Cuvier, il dit que « la race des Nègres, la plus dégradée des races humaines, est celle dont les formes s’approchent le plus de la brute, et dont l’intelligence ne s’est élevée nulle part au point d’arriver à un gouvernement régulier, ni à la moindre apparence de connaissances suivies ».

On a beaucoup agité dans ces derniers temps, dit Virey, la question du degré d’intelligence des Nègres, il nous parait que quelques auteurs l’ont trop exagérée, et d’autres trop dépréciée, dans le système que chacun d’eux avait embrassé.

Les amis des Noirs, par des sentiments philanthropiques qui honorent leur cœur, ont pris à tâche de rehausser le génie du Nègre, ils soutiennent qu’il est d’une capacité égale à celui des Blancs, mais que le défaut d’éducation et l’état d’abrutissement dans lequel croupissent de malheureux esclaves sous le fouet des colons, compriment nécessairement le développement de leur intelligence…

Quoiqu’il paraisse toujours quelque air d’injustice à poser la limite de l’esprit, surtout à l’égard d’infortunés que l’on s’autorise à condamner à l’esclavage, sous prétexte de cette infériorité d’intelligence, le devoir du naturaliste lui impose cependant l’obligation de discuter une question aussi importante. Hume, Meiners, et beaucoup d’autres, ont soutenu que la race Nègre était fort inférieure à la race blanche par rapport aux facultés intellectuelles, ils sont en cela d’accord avec les observations de MM. Soemmerring, cuvier, Gall et Spurzheim, comme avec les nôtres, mais, indépendamment de ces témoignages, consultons l’histoire de l’espèce Nègre sur tout le globe.

Quelles sont les idées religieuses auxquelles il a pu s’élever de lui-même sur la nature des choses ? Elles sont l’un des plus sûrs moyens d’évaluer la capacité intellectuelle. Nous le voyons partout prosterné devant de grossiers fétiches, adorant tantôt un serpent, une pierre, un coquillage, une plume etc. sans s’élever même aux idées théologiques des anciens Egyptiens ou d’autres peuples adorateurs des animaux, comme emblèmes de la divinité.

Dans les institutions politiques, les nègres n’ont rien imaginé, en Afrique, au-delà du gouvernement de la famille t de ‘l’autorité absolue, ce qui n’annonce aucune combinaison.

Par rapport à l’industrie sociale, ils n’y ont jamais fait d’eux seuls les moindres conquêtes, ils n’ont pas bâti de grands édifices, des villes superbes, comme l’ont exécuté les Egyptiens, même pour se soustraire aux ardeurs du soleil, ils ne s’en garantissent nullement par des tissus légers, comme font les Indiens ils se contentent de cabanes et de l’ombrage des palmiers.

Ils n’ont donc point d’abris, point d’inventions qui charment les ennuis de leurs loisirs sur un sol si riche. Ils n’ont pas même les jeux ingénieux des échecs inventés par les Indiens, ni ces contes amusants des Arabes, produit d’une imagination féconde et spirituelle. Placés à côtés des Maures, des Abyssins, peuple de race originairement blanche, les Nègres en sont méprisés comme stupides et incapables, aussi les trompe-t-on constamment dans les échanges commerciaux, on les dompte, on les soumet, en présence de leurs compatriotes mêmes, sans qu’ils aient l’esprit de s’organiser en grandes masses, pour résister, et de se discipliner en armée, aussi sont-ils toujours vaincus, obligés de céder le terrain aux Maures. Ils ne savent point se fabriquer d’armes autres que la zagaie et la flèche, faibles défenses contre le fer, le bronze et la salpêtre.

Leurs langages très bornés, monosyllabiques, manquent de termes pour les abstractions. Ils ne peuvent rien concevoir que des objets matériels et visibles : aussi ne pensent-ils guère loin dans l’avenir, comme ils oublient bientôt le passé, sans histoire, ils n’avaient pas même une écriture de signes hiéroglyphiques, les arabes mahométans ont enseigné à plusieurs l’alphabet…

Leur musique est sans harmonie, et, quoiqu’ils y soient très sensibles, elle se borne à quelques intonations bruyantes sans former une série de modulations expressives. Avec des sens très-parfaits, ils manquent de cette attention qui les emploie, de cette réflexion qui porte à comparer les objets pour en tirer des rapports, en observer les proportions.

Des exemples particuliers d’intelligence remarquable chez les Nègres (comme tous ceux cités par les auteurs) ne prouveront que des exceptions, tant que des nations nègres ne se civiliseront pas d’elles seules, comme l’a fait d’elle-même la race blanche. Le temps et l’espace ne manquent point à l’Africain, cependant il est resté brut et sauvage, lorsque les autres peuples de la terre se sont plus ou moins élancé dans la noble carrière de la perfection sociale. Aucune cause politique ou morale ne peut contenir l’essor du Nègre en Afrique, comme celles qui enchaînent l’esprit du Chinois, le climat de l’Afrique a permis un assez grand développement intellectuel aux anciens Egyptiens : il faut donc conclure que la médiocrité perpétuelle de l’esprit chez les nègres résulte de leur confirmation seule, car dans les îles de la mer du Sud, où ils se trouvent avec la race malaise, également sauvage, ils lui restent encore inférieurs sans être asservis.

On a élevé avec soin des nègres, on leur a donné la même éducation dans les écoles et des collèges qu’aux Blancs, et ils n’ont pas pu cependant pénétrer dans les connaissances humaines au même degré que ceux-ci. D’ailleurs, il faut bien le reconnaitre, ce n’est point par la force du corps, mais par les lumières, que l’homme domine sur les animaux, et il est manifeste aujourd’hui, par l’état de civilisation, que les peuples les plus instruits, les plus habiles, obtiennent, toutes choses égales, la prépondérance sur les autres nations du globe : donc les sciences ou les connaissances ont établi le règne et l’empire dans la race blanche plus que dans toutes les autres, parce qu’elle s’est montré partout la plus intellectuelle et la plus industrieuse.

Les Nègres sont de grands enfants : parmi eux il n’y a point de lois, point de gouvernements fixes. Chacun vit à peu près à sa manière, celui qui parait le plus intelligent ou qui est le plus riche devient juge des différents et souvent il se fait roi mais sa royauté n’est rien car bien qu’il puisse quelques fois opprimer ses sujets, les faires esclaves, les vendre, les tuer, ils n’ont pour lui aucun attachement, ils ne lui obéissent que par terreur, ils ne forment aucun état, ils ne se doivent rien entre eux.

On ne peut agir sur les Nègres qu’en captivant leurs sens par les plaisirs, ou en les frappant par la crainte. Ils ne travaillent que par besoin ou par force. Se contentant de peu de chose, leur industrie est bornée, et leur génie reste sans action, parce que rien ne les tente, que ce qui peut satisfaire leur sensualité et leurs appétits physiques. Comme leur caractère a plutôt de l’indolence que de l’activité, ils paraissent plus propres à être conduits qu’à conduire les autres, et plutôt nés pour l’obéissance que pour la domination. Il est rare d’ailleurs qu’ils sachent bien commander, car on a remarqué qu’ils se montraient alors despotes capricieux et d’autant plus jaloux de l’autorité qu’ils étaient plus opprimés.

Le savant auteur, après quelques réflexions sur l’esclavage de l’espèce humaine en général, conclut ainsi : «  Il était dans les destinées que la race humaine blanche sortit peu à peu de ses fers, tandis que l’antique anathème prononcé sur la tête des descendants de Cham, selon l’Ecriture, ne leur promettait qu’un esclavage éternel ».