Cham, d'après Pierre Larousse

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Larousse, Pierre “Cham, d'après Pierre Larousse”, RelRace, item créé par Mathilde Plais, dernier accès le 22 Nov. 2024.
Contributeur Mathilde Plais
Sujet La malédiction de Cham
Description Entrée dans le Grand dictionnaire universel du XIXe siècle : français, historique, géographique, mythologique, bibliographique (tome 3).
Auteur Pierre Larousse
Éditeur Paris : Administration du grand Dictionnaire universel
Langue fr

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CHAM, second fils de Noé. On sait l'aventure qui arriva a Cham et qui attira la malédiction de Dieu sur sa race. Noé, ayant planté la vigne et s'étant enivré avec cette liqueur dont il ne connaissait pas les effets, s'endormit dans une posture peu décente Cham étant survenu se moqua de l'état où se trouvait son père et alla chercher ses frères pour le leur faire voir; mais ceux-ci, plus respecteux, mirent un manteau sur leurs épaules et, marchant à reculons, couvrirent la nudité de leur père. A son réveil, le patriarche ayant appris ce qui s'était passé maudit Cham et toute sa race.Tel est le récit de l'Ecriture sainte, qui explique ainsi l'existence des races nègres et l'espèce de sujétion où elles sont vis-à-vis des races blanches. Cette malédiction, prononcée par Noé contre Cham et sa race, a été longtemps et est encore exploitée par certains piétistes d'Angleterre et des Etats-Unis, pour justifier l'esclavage des nègres. Les commentateurs ont singulièrement interprété, amplifié, dénaturé le récit de Moïse. Les cabalistes prétendent que la faute de Cham est la même que celle d'Adam; selon eux, la volonté de Dieu n'était pas que l'homme et la femme eussent des rapports charnels et procréassent des enfants: son dessein était bien plus noble Adam devait se contenter des sylphides, des nymphes et des autres filles des éléments, et laisser Eve à l'amour des salamandres, des sylphes et des gnomes. Adam désobéit à Dieu et s'approcha d'Eve, qui était le véritable fruit défendu; Noé, qui connaissait cette tradition, et que l'exemple d'Adam avait instruit, abandonna sa femme aux salamandres, et conseilla à ses fils d'en faire autant. Ceux-ci lui obéirent; mais Cham ne put résister aux charmes de sa femme, et la connut pendant son séjour dans l'arche, malgré la défense formelle de Noé. Cette désobéissance attira sur Chanaan, fils de Cham, la malédiction divine, et fut la cause de ce teint d'ébène qui est le partage de tous ses descendants. D'autres disent que Cham n'ai- mait pas son père, parce qu'il s'en voyait moins aimé que ses autres Frères, ou parce qu'il craignait que le patriarche n'eût d'autres enfants qui vinssent partager l'héritage. Un jour, l'ayant trouvé vaincu par l'ivresse, il s'en approcha doucement, et, par une force magique, le priva de sa virilité; Noé s'en aperçut à son réveil, et maudit Cham à cause de cela. D'autres enfin prétendent que Cham avait déshonoré la couche de son père, et que l'expression voir sa nudité est une métaphore qui signitie qu'il avait eu des rapports avec la femme de Noé. Tous, du reste, s accordent à en faire un grand magicien. Cham passe même pour l'inventeur de la magie noire. Cecco d'Ascoli prétend avoir vu un livre de magie composé par Cham, et contenant les éléments et la pratique de la nécromancie. Quelques-uns n'ont pas craint de soutenir que le Cham de la Bible est le même personnage que le Zoroastre des Perses. Dans un système ethnographique plus sensé, sinon plus certain, le xe chapitre de la Genèse, où les fils de Noé sont mentionnés avec leurs descendants, n'est qu'un premier essai de géographie, et les noms propres qui s'y trouvent doivent être considérés comme des expressions géographiques et ethnographi- ques. Sous le nom de Cham (d'une racine hébraïque qui signifie être chaud et être noir) sont désignées les populations de l'Afrique et de l'Asie méridionale; les quatre fils de Cham, Cousch, Mitsraïm,Phout et Chanaan, seraient les pères de ces diverses populations. De Cousch descendent les Ethiopiens, nom sous lequel sont aussi comprises un certain nombre de peuplades asiatiques (v. Cousch); MUsraïm est le mot hébreu qui désigne l'Egypte Phout désigne la Libye (en égyptien Phaiat signifie Libye, et Phet, Libyen); enfin Chanaan indique les habitants du pays connu sous ce nom. Le mot Cham, dont nous avons donné plus haut l'étymologie, peut aussi avoir été choisi par analogie avec le mot khèmi, par lequel les Egyptiens nommaient leur pays. Bunsen désigne, sous le nom de chamitisme un groupe de langues et de peuples qu'il place à la tête de la famille sémitique. D'après lui, le chamitisme est le sémitisme antéhistori- que sa descendance immédiate, c'est l'égyptien démotique et le cophte. Rawlinson, a son tour, applique le nom de couschite au langage primitif de Babylone. Toutes ces dénomina- tions, souvent arbitraires, jettent un grand trouble dans la classification des langues par races et des races par langues. Les écrivains ont quelquefois employé le nom de Cham comme nom commun, pour dé- signer une personne maudite, bannie par son père, chassée de la maison de ses parents; mais ce à quoi on fait surtout allusion, c'est à l'action de Cham, tournant en dérision l'état de nudité dans lequel il surprit son père. Piron a fait de cette action une application as ses plaisante, mais trop sévère, à Louis Racine, connu surtout pour son grand respect filial. Dans des Mémoires pour servir à la vie de l'illustre Racine Louis avait recueilli quelques détails puérils. Piron dit à ce sujet: C'est un nouveau Cham, qui met à nu les turpitudes de son père. Dans son ouvrage, l'Eglise et les philosophes, AI. Lanfrey a fait cette allusion au même lait ,biblique: J'ai dit les vertus et les grandeurs du xviiic siè- cle peut-être ai-je trop laissé dans l'ombre ses défauts. Ils ne sont que trop présents à notre mémoire, puisqu'ils ont pu nous fermer les yeux sur ses bienfaits. Assez d'autres, d'ailleurs, se chargeront du crime de Cham et profaneront la nudité paternelle. »