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XVIe Homélie sur la Genèse
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Origène “XVIe Homélie sur la Genèse”, RelRace, , dernier accès le 7 Dec. 2024.
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L’Égypte et l'esclavage
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Dans ce texte Origène explique pour les Égyptiens, par leur ascendance chamitique sont condamnés à l'esclavage.
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Homélie XVI : Joseph acquiert pour Pharaon les terres de l’Egypte
L'£GYPTE >
Sur le passage : « Joseph acquit toute la terre des Egyptiens pour Pharaon; les Egyptiens vendirent en effet leur terre à Pharaon, parce que la famine les pressait. Et le pays appartint à Pharaon, qui réduisit le peuple en servitude d’une extrémité à l’autre de l’Egypte. »
L’Egypte, pays de servitude
Au témoignage de l'écriture, il n’y a pas d’Egyptien libre. Car Pharaon « réduisit le peuple en servitude », ne laissant personne de libre sur le territoire égyptien et supprimant la liberté dans tout le pays. Sans doute est-ce à cause de cela qu'il est écrit : « Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t'ai fait sortir du pays d'Egypte, de la maison de servitude ». L'Egypte est donc devenue la maison de la servitude, et, ce qui est plus malheureux, de la servitude volontaire.
Toutefois, quand l'Ecriture rapporte que les Hébreux ont été réduits en servitude, et que, prives de leur liberté, ils ont eu k supporter le joug du pouvoir, elle rappelle que c'est par la violence qu'ils y furent amenés. En effet, il est écrit : « Les Egyptiens détestaient les enfants d'Israël et les Egyptiens opprimaient d'autorité par la violence les enfants d'Israel. Ils leur rendaient la vie amère par de rudes travaux, mortier, briques et toute sorte de travaux des champs, auxquels ils les assujettissaient de force, les réduisant en servitude » Remarque bien qu'il est écrit que c'est « par la violence » que les Hébreux furent réduits en servitude ; ils possédaient en effet une liberté naturelle, qu'on ne pouvait leur arracher ni facilement ni par ruse, mais uniquement par la violence.
Au contraire, Pharaon réduisit facilement le peuple égyptien en servitude, et il n'est pas écrit qu'il y employa la force, car les Egyptiens sont naturellement portes ci une vie dégradante et deviennent vite les esclaves de toute espèce de vices. Considère leur origine : tu verras que leur ancêtre Cham, qui s'était moqué de la nudité de son père, avait mérite cette sentence : que son fils Chanaan serait 1'esclave de ses frères, pour que sa condition d'esclave témoigne de la dépravation de ses mœurs. Ce n'est donc pas sans raison que la corruption de la postérité reproduit la flétrissure originelle de la race.
Les Hébreux, au contraire, s'ils sont réduits en servitude, s'ils sont victimes de la tyrannie des Egyptiens, le sont par violence et par contrainte. C'est pourquoi ils sont libérés « de la maison de servitude » et rappelés à la liberté primitive qu'ils avaient perdue malgré eux. Ainsi, les lois divines prévoient que quiconque aura acheté un serviteur hébreu, ne le gardera pas indéfiniment en servitude : celui-ci servira six années et, la septième, s'en ira libre e. Rien de semblable n'est décrété pour les Egyptiens : nulle part la loi divine n'a cure de la liberté des Egyptiens, car ils l'ont perdue en le voulant bien, mais elle les abandonne au joug éternel de leur destinée et à la servitude perpétuelle.
La servitude du péché
Si nous interprétons cela spirituellement, nous connaissons ce qu’est la servitude des Egyptiens, car servir les Egyptiens n'est pas autre chose qu'être assujetti aux vices charnels et soumis aux démons. Nul n'y est réduit par une nécessite venue du dehors, mais on y est amené par la paresse de 1'esprit, par le désir et le plaisir du corps, auquel l'esprit se soumet par lâcheté. Celui, au contraire, qui se préoccupe de la liberté de l’âme et qui entretient la noblesse de 1'esprit par des pensées célestes, celui-là fait partie des enfants d'Israël. Même opprimé par la violence pour un temps, il ne perd pas sa liberté pour toujours. — Au reste, notre Sauveur, parlant de la liberté et de la servitude, s'exprime ainsi dans l'Evangile : « Qui- conque commet le péché est esclave du péché a » ; et il dit en revanche : « Si vous demeurez en ma parole, vous connaitrez la vérité et la vérité vous rendra libres »
Les Égyptiens se sont réduits eux-mêmes en esclavage
On pourrait nous dire: comment se fait-il que Joseph ait remis la possession de tout le pays a Pharaon et qu’un saint homme ait mis au service de Pharaon cet esclavage général, conditionne par le péché, comme nous venons de l'expliquer ? — A quoi nous pouvons répondre que l'Ecriture elle-même justifie la fonction du saint homme, en disant que les Egyptiens eux-mêmes ont vendu leurs personnes et leurs biens c. La faute ne retombe donc pas sur celui qui administre, quand il prend des mesures appropriées au mérite de ceux qui sont administres.
Tu trouveras que Paul aussi fait quelque chose de semblable quand « il livre à Satan », « pour qu'il apprenne h ne pas blasphémer de celui qui par ses nombreux agissements s'est rendu indigne de la compagnie des saints. Assurément, nul ne peut dire que ce soit Paul qui ait agi rigoureusement en chassant cet homme de 1'Eglise et en le livrant à Satan. Mais la faute en revient sans aucun doute h celui qui a mérité par sa conduite de n'avoir pas de place dans l'Eglise et d'être mis en compagnie de Satan. — C'est de la même façon que Joseph, sachant qu'il n'y avait chez les Egyptiens ni la liberté des Hébreux ni la noblesse d'Israël, attacha au maitre qui leur convenait des esclaves qui le méritaient.
J'irai même plus loin. Tu trouveras dans les actes du gouvernement divin quelque chose de semblable ; écoute Moise : « Quand le Très-Haut sépara les nations et fixa les limites des peuples, il les établit d'après le nombre des anges de Dieu, et Jacob devint la part du Seigneur, Israël le lot de son héritage. » Tu vois que c'est en fonction des mérites de chaque peuple qu'est fixe le domaine des anges, mais que «la portion du Seigneur », c'est le peuple d'Israël.
Homilia XVI
De eo, quod scriptum est : Et acquisiuit Ioseph omnem ter- ram Aegyptiorum Pharaoni; uendiderunt enim Aegyptii terram suam Pharaoni, quia obtinuit eos fames. Et facta est terra Pharaonis, et populum sibi in seruitutem redegit, a summis finibus Aegypti usque ad summos fines eius a.
1. Secundum Scripturae fidem nullus Aegyptius liber. Pharao enim populum sibi in seruitutem redegit nec ali- quem intra Aegyptiorum fines liberum dereliquit, sed in omni terra Aegypti adempta libertas est. Et propterea forte scriptum est: Ego sum Dominus Deus tuus, qui eduxi te de terra Aegypli, de domo seruitutis a. Facta est ergo Aegyptus domus seruitutis, et, quod est infelicius, uolun- tariae seruitutis.
Nam de Hebraeis quamuis referatur quia in seruitutem redacti sint et quia iugum dominationis erepta libertate pertulerint, uiolenter tamen in hoc memorantur adducti. Scriptum est enim quia : Aegyptii abominabantur filios Istrahel et per potentiam opprimebant Aegyptii filios Istrahel uiolenter et affligebant uitam eorum in operibus duris, luto et latere, et omnibus operibus quae erant in cam- pis, in quibus omnibus in seruitutem eos redigebant cum ui b. Intende ergo diligentius quomodo Hebraei scribun- tur uiolenter in seruitutem redacti, quibus naturalis inerat
libertas, quae non iis facile uel per deceptionem aliquam, 20 sed cum ui extorquebatur.
Pharao uero aegyptium populum facile sibi in seruitu- tem redegit, nec scribitur quia cum ui hoc fecerit. Pro- cliues enim sunt Aegyptii ad degenerem uitam et cito ad omnem famulalum decidunt uitiorum. Respice ad ori- 25 ginem generis et inuenies quod pater | eorum Cham, 137 qui nuditatem riserat patris c, huiuscemodi sententiam meruit, ut filius eius Chanaan seruus esset fratribus suis d, quo in eo nequitiam morum argueret conditio seruitutis. Non ergo immerito ignobilitatem generis decolor posteritas imitatur.
Hebraei uero, etiamsi in seruitutem redigantur, etiamsi tyrannidem patiantur ab Aegyptiis, uiolenter et necessi- tate patiuntur. Idcirco ergo liberantur de domo seruitutis et ad libertatem pristinam, quam inuiti amiserant, reuo- 35 cantur. Denique etiam diuinis lcgibus cauetur, ut, si forte emerit quis Hebraeum puerum, non eum perpetua seruitute possideat, sed sex annis seruiat ei, septimo uero anno exeat liber e. De Aegyptiis nihil tale censetur nec usquam diuina lex curam gerit libertatis aegyptiae, quia 40 eam sponte perdiderant, sed aeterno eos conditionis iugo ac seruituti perpetuae derelinquit.
2. Haec ergo si intelligamus spiritaliter, quae sit Aegyptiorum seruitus agnoscimus, quia seruire Aegyptiis non aliud est quam obnoxium fieri carnalibus uitiis et
daemonibus esse subiectum. In quod utique unum- 5 quemque non extrinsecus illata neccssitas cogit, sed segnitia animi et libido ae uoluptas corporis subigit, cui se animus per socordiam subdit. Qui uero libertatis ani- mae curam gerit et dignitatem mentis caelesti cogita- tione nobilitat, iste ex filiis Istrahel est. Qui etiamsi uio- 10 lenter opprimatur ad tempus, non tamen libertatem suam in perpctuum perdit. Denique et Saluator noster de liber- tate et seruitute in Euangelio disserens ita loquitur : Omnis, inquit, qui peccat, seruus est peccati a. Et iterum dicit : Si manseritis in uerbo meo, agnoscetis ueritatem et 15 ueritas liberos faciet uos b.
Quod si qui forte dicat nobis : quomodo ergo per Ioseph omnis terra in possessioncm traditur Pharaoni et omnis ista seruitus, quam superius exposuimus ex peccati condi- tione susceptam, per sanctum uirum ministrata dicitur 20 Pharaoni ? — possumus ad haec respondere quia ipse 138 Scripturae sermo excusat sancti uiri ministerium, ] cum dicit quia semetipsos uendiderunt Aegyptii et posses- siones suas c. Non ergo ad dispensantem culpa reflectitur, ubi digna dispensatorum meritis prouidentur. 25 Inuenies enim tale aliquid et a Paulo fieri, cum ab eo is qui semetipsum pro foeditate actuum consortio sanc- torum fecit indignum traditur Satanae, ut discat non blas- phemared. In quo utique nemo dixerit Paulum dure egisse, qui hominem de Ecclcsia eiecit et Satanae tradi- 30 dit. Sed in illum sine dubio culpa refertur qui pro actibus suis hoc meruit ut non ei csset in Eccclesia locus, sed Sata- nae consortio mereretur adiungi. Ita ergo et. Ioseph, cum nihil hebraeae libertatis, nihil istraheliticae nobilitatis in Aegyptiis prouidisset, digna seruilia digno dominatui 35 sociauit.
Ego etiam amplius aliquid dico. Inuenies et in diuinis
dispensationibus tale aliquid gestum in eo quod dicit Moyses : Cum diuideret Excelsus gentes et distinguerct fines gentium, secundum numerum angelorum Dei posuit eas, 40 et facta est pars Domini Iacob, funiculus hereditatis eius Istrakele. Vides ergo quoniam pro meritis unicuique genti angelorum statuitur principatus, pars autem Domini gens eflicitur Istrahel.
3. Post haec sequitur : Vendiderunl, inquit, Aegyptii terram suam Pharaoni, obtinuit cnim eos fames a.
Vituperatio mihi uidetur et. in hoc Aegyptiorum conti- neri. Non enim facile de Hebraeis scriptum inuenias quia 5 obtinuit eos fames. Licet enim scriptum sit quia inualuit fames super terram b, non tamen scriptum est quia obtinuit fames Iacob aut filios eius, sicut de Aegvptiis dicitur quia obtinuil eos fames. Quamuis enim ueniat etiam ad iustos fames, non tamen obtinet eos ; propter quod et gloriantur 10 in ea, sicut Paulus inuenitur libenter gratulari in huius- cemodi passionibus, cum dicit : In fame et siti, in frigore et nuditate c. Quod ergo iustis exercitium uirtutis est, hoc iniustis poena peccati est.
L'£GYPTE >
Sur le passage : « Joseph acquit toute la terre des Egyptiens pour Pharaon; les Egyptiens vendirent en effet leur terre à Pharaon, parce que la famine les pressait. Et le pays appartint à Pharaon, qui réduisit le peuple en servitude d’une extrémité à l’autre de l’Egypte. »
L’Egypte, pays de servitude
Au témoignage de l'écriture, il n’y a pas d’Egyptien libre. Car Pharaon « réduisit le peuple en servitude », ne laissant personne de libre sur le territoire égyptien et supprimant la liberté dans tout le pays. Sans doute est-ce à cause de cela qu'il est écrit : « Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t'ai fait sortir du pays d'Egypte, de la maison de servitude ». L'Egypte est donc devenue la maison de la servitude, et, ce qui est plus malheureux, de la servitude volontaire.
Toutefois, quand l'Ecriture rapporte que les Hébreux ont été réduits en servitude, et que, prives de leur liberté, ils ont eu k supporter le joug du pouvoir, elle rappelle que c'est par la violence qu'ils y furent amenés. En effet, il est écrit : « Les Egyptiens détestaient les enfants d'Israël et les Egyptiens opprimaient d'autorité par la violence les enfants d'Israel. Ils leur rendaient la vie amère par de rudes travaux, mortier, briques et toute sorte de travaux des champs, auxquels ils les assujettissaient de force, les réduisant en servitude » Remarque bien qu'il est écrit que c'est « par la violence » que les Hébreux furent réduits en servitude ; ils possédaient en effet une liberté naturelle, qu'on ne pouvait leur arracher ni facilement ni par ruse, mais uniquement par la violence.
Au contraire, Pharaon réduisit facilement le peuple égyptien en servitude, et il n'est pas écrit qu'il y employa la force, car les Egyptiens sont naturellement portes ci une vie dégradante et deviennent vite les esclaves de toute espèce de vices. Considère leur origine : tu verras que leur ancêtre Cham, qui s'était moqué de la nudité de son père, avait mérite cette sentence : que son fils Chanaan serait 1'esclave de ses frères, pour que sa condition d'esclave témoigne de la dépravation de ses mœurs. Ce n'est donc pas sans raison que la corruption de la postérité reproduit la flétrissure originelle de la race.
Les Hébreux, au contraire, s'ils sont réduits en servitude, s'ils sont victimes de la tyrannie des Egyptiens, le sont par violence et par contrainte. C'est pourquoi ils sont libérés « de la maison de servitude » et rappelés à la liberté primitive qu'ils avaient perdue malgré eux. Ainsi, les lois divines prévoient que quiconque aura acheté un serviteur hébreu, ne le gardera pas indéfiniment en servitude : celui-ci servira six années et, la septième, s'en ira libre e. Rien de semblable n'est décrété pour les Egyptiens : nulle part la loi divine n'a cure de la liberté des Egyptiens, car ils l'ont perdue en le voulant bien, mais elle les abandonne au joug éternel de leur destinée et à la servitude perpétuelle.
La servitude du péché
Si nous interprétons cela spirituellement, nous connaissons ce qu’est la servitude des Egyptiens, car servir les Egyptiens n'est pas autre chose qu'être assujetti aux vices charnels et soumis aux démons. Nul n'y est réduit par une nécessite venue du dehors, mais on y est amené par la paresse de 1'esprit, par le désir et le plaisir du corps, auquel l'esprit se soumet par lâcheté. Celui, au contraire, qui se préoccupe de la liberté de l’âme et qui entretient la noblesse de 1'esprit par des pensées célestes, celui-là fait partie des enfants d'Israël. Même opprimé par la violence pour un temps, il ne perd pas sa liberté pour toujours. — Au reste, notre Sauveur, parlant de la liberté et de la servitude, s'exprime ainsi dans l'Evangile : « Qui- conque commet le péché est esclave du péché a » ; et il dit en revanche : « Si vous demeurez en ma parole, vous connaitrez la vérité et la vérité vous rendra libres »
Les Égyptiens se sont réduits eux-mêmes en esclavage
On pourrait nous dire: comment se fait-il que Joseph ait remis la possession de tout le pays a Pharaon et qu’un saint homme ait mis au service de Pharaon cet esclavage général, conditionne par le péché, comme nous venons de l'expliquer ? — A quoi nous pouvons répondre que l'Ecriture elle-même justifie la fonction du saint homme, en disant que les Egyptiens eux-mêmes ont vendu leurs personnes et leurs biens c. La faute ne retombe donc pas sur celui qui administre, quand il prend des mesures appropriées au mérite de ceux qui sont administres.
Tu trouveras que Paul aussi fait quelque chose de semblable quand « il livre à Satan », « pour qu'il apprenne h ne pas blasphémer de celui qui par ses nombreux agissements s'est rendu indigne de la compagnie des saints. Assurément, nul ne peut dire que ce soit Paul qui ait agi rigoureusement en chassant cet homme de 1'Eglise et en le livrant à Satan. Mais la faute en revient sans aucun doute h celui qui a mérité par sa conduite de n'avoir pas de place dans l'Eglise et d'être mis en compagnie de Satan. — C'est de la même façon que Joseph, sachant qu'il n'y avait chez les Egyptiens ni la liberté des Hébreux ni la noblesse d'Israël, attacha au maitre qui leur convenait des esclaves qui le méritaient.
J'irai même plus loin. Tu trouveras dans les actes du gouvernement divin quelque chose de semblable ; écoute Moise : « Quand le Très-Haut sépara les nations et fixa les limites des peuples, il les établit d'après le nombre des anges de Dieu, et Jacob devint la part du Seigneur, Israël le lot de son héritage. » Tu vois que c'est en fonction des mérites de chaque peuple qu'est fixe le domaine des anges, mais que «la portion du Seigneur », c'est le peuple d'Israël.
Homilia XVI
De eo, quod scriptum est : Et acquisiuit Ioseph omnem ter- ram Aegyptiorum Pharaoni; uendiderunt enim Aegyptii terram suam Pharaoni, quia obtinuit eos fames. Et facta est terra Pharaonis, et populum sibi in seruitutem redegit, a summis finibus Aegypti usque ad summos fines eius a.
1. Secundum Scripturae fidem nullus Aegyptius liber. Pharao enim populum sibi in seruitutem redegit nec ali- quem intra Aegyptiorum fines liberum dereliquit, sed in omni terra Aegypti adempta libertas est. Et propterea forte scriptum est: Ego sum Dominus Deus tuus, qui eduxi te de terra Aegypli, de domo seruitutis a. Facta est ergo Aegyptus domus seruitutis, et, quod est infelicius, uolun- tariae seruitutis.
Nam de Hebraeis quamuis referatur quia in seruitutem redacti sint et quia iugum dominationis erepta libertate pertulerint, uiolenter tamen in hoc memorantur adducti. Scriptum est enim quia : Aegyptii abominabantur filios Istrahel et per potentiam opprimebant Aegyptii filios Istrahel uiolenter et affligebant uitam eorum in operibus duris, luto et latere, et omnibus operibus quae erant in cam- pis, in quibus omnibus in seruitutem eos redigebant cum ui b. Intende ergo diligentius quomodo Hebraei scribun- tur uiolenter in seruitutem redacti, quibus naturalis inerat
libertas, quae non iis facile uel per deceptionem aliquam, 20 sed cum ui extorquebatur.
Pharao uero aegyptium populum facile sibi in seruitu- tem redegit, nec scribitur quia cum ui hoc fecerit. Pro- cliues enim sunt Aegyptii ad degenerem uitam et cito ad omnem famulalum decidunt uitiorum. Respice ad ori- 25 ginem generis et inuenies quod pater | eorum Cham, 137 qui nuditatem riserat patris c, huiuscemodi sententiam meruit, ut filius eius Chanaan seruus esset fratribus suis d, quo in eo nequitiam morum argueret conditio seruitutis. Non ergo immerito ignobilitatem generis decolor posteritas imitatur.
Hebraei uero, etiamsi in seruitutem redigantur, etiamsi tyrannidem patiantur ab Aegyptiis, uiolenter et necessi- tate patiuntur. Idcirco ergo liberantur de domo seruitutis et ad libertatem pristinam, quam inuiti amiserant, reuo- 35 cantur. Denique etiam diuinis lcgibus cauetur, ut, si forte emerit quis Hebraeum puerum, non eum perpetua seruitute possideat, sed sex annis seruiat ei, septimo uero anno exeat liber e. De Aegyptiis nihil tale censetur nec usquam diuina lex curam gerit libertatis aegyptiae, quia 40 eam sponte perdiderant, sed aeterno eos conditionis iugo ac seruituti perpetuae derelinquit.
2. Haec ergo si intelligamus spiritaliter, quae sit Aegyptiorum seruitus agnoscimus, quia seruire Aegyptiis non aliud est quam obnoxium fieri carnalibus uitiis et
daemonibus esse subiectum. In quod utique unum- 5 quemque non extrinsecus illata neccssitas cogit, sed segnitia animi et libido ae uoluptas corporis subigit, cui se animus per socordiam subdit. Qui uero libertatis ani- mae curam gerit et dignitatem mentis caelesti cogita- tione nobilitat, iste ex filiis Istrahel est. Qui etiamsi uio- 10 lenter opprimatur ad tempus, non tamen libertatem suam in perpctuum perdit. Denique et Saluator noster de liber- tate et seruitute in Euangelio disserens ita loquitur : Omnis, inquit, qui peccat, seruus est peccati a. Et iterum dicit : Si manseritis in uerbo meo, agnoscetis ueritatem et 15 ueritas liberos faciet uos b.
Quod si qui forte dicat nobis : quomodo ergo per Ioseph omnis terra in possessioncm traditur Pharaoni et omnis ista seruitus, quam superius exposuimus ex peccati condi- tione susceptam, per sanctum uirum ministrata dicitur 20 Pharaoni ? — possumus ad haec respondere quia ipse 138 Scripturae sermo excusat sancti uiri ministerium, ] cum dicit quia semetipsos uendiderunt Aegyptii et posses- siones suas c. Non ergo ad dispensantem culpa reflectitur, ubi digna dispensatorum meritis prouidentur. 25 Inuenies enim tale aliquid et a Paulo fieri, cum ab eo is qui semetipsum pro foeditate actuum consortio sanc- torum fecit indignum traditur Satanae, ut discat non blas- phemared. In quo utique nemo dixerit Paulum dure egisse, qui hominem de Ecclcsia eiecit et Satanae tradi- 30 dit. Sed in illum sine dubio culpa refertur qui pro actibus suis hoc meruit ut non ei csset in Eccclesia locus, sed Sata- nae consortio mereretur adiungi. Ita ergo et. Ioseph, cum nihil hebraeae libertatis, nihil istraheliticae nobilitatis in Aegyptiis prouidisset, digna seruilia digno dominatui 35 sociauit.
Ego etiam amplius aliquid dico. Inuenies et in diuinis
dispensationibus tale aliquid gestum in eo quod dicit Moyses : Cum diuideret Excelsus gentes et distinguerct fines gentium, secundum numerum angelorum Dei posuit eas, 40 et facta est pars Domini Iacob, funiculus hereditatis eius Istrakele. Vides ergo quoniam pro meritis unicuique genti angelorum statuitur principatus, pars autem Domini gens eflicitur Istrahel.
3. Post haec sequitur : Vendiderunl, inquit, Aegyptii terram suam Pharaoni, obtinuit cnim eos fames a.
Vituperatio mihi uidetur et. in hoc Aegyptiorum conti- neri. Non enim facile de Hebraeis scriptum inuenias quia 5 obtinuit eos fames. Licet enim scriptum sit quia inualuit fames super terram b, non tamen scriptum est quia obtinuit fames Iacob aut filios eius, sicut de Aegvptiis dicitur quia obtinuil eos fames. Quamuis enim ueniat etiam ad iustos fames, non tamen obtinet eos ; propter quod et gloriantur 10 in ea, sicut Paulus inuenitur libenter gratulari in huius- cemodi passionibus, cum dicit : In fame et siti, in frigore et nuditate c. Quod ergo iustis exercitium uirtutis est, hoc iniustis poena peccati est.